mercredi 10 octobre 2018

Peut-on construire un capitalisme socialiste ?

Juillet 2018



Le capitalisme, de part son étymologie même, a été la bête noire de générations de socialistes : l’accumulation de capital, par définition, ne pourrait que s’opposer à la redistribution des richesses. La mondialisation, l’hyper-financiarisation, la croissance infinie ont creusé les inégalités, ravagé l’environnement et le respect de l’être humain, alimentant de nombreux mouvements anticapitalistes. Il s’agit là de conséquences dramatiques d’un usage abusif du capitalisme, compris comme système économique et politique. Ce système doit évidemment être questionné, de même que l’idéologie libérale qui lui sert de terreau. Je suis cependant convaincu qu’il est possible d’en imaginer des usages au service de l’intérêt général. Je suis convaincu que les dérives de nos démocraties libérales ne sont pas les conséquences de ce système, mais seulement de ses usages. Je suis convaincu qu’en considérant le capitalisme comme un moyen et non une fin, il peut servir le bien commun. Et j’en ai la preuve.


Le capitalisme repose sur deux notions, la propriété privée et le libéralisme, et n’a qu’un seul objectif : le profit. On pourrait et devrait questionner ces deux notions et cet objectif, mais admettons-les ici et voyons ce qu’il nous reste à interroger : les droits que procurent ces notions, et l’usage que l’on veut faire de ce profit.


Le libéralisme me garantit la liberté d’entreprendre. Par cela je deviens propriétaire d’une entreprise, et je peux acquérir les moyens de produire de la richesse : des ressources matérielles, et des ressources humaines. Je conclus un contrat avec ces dernières : leur temps et leurs compétences contre une partie de mon profit. Les modalités de ce contrat, en revanche, ne relèvent plus du capitalisme. L’entreprise Next Jump offre des emplois à vie : son dirigeant considère qu’un.e employé.e en difficulté, au même titre qu’un enfant en difficulté, doit être aidé, non renvoyé. La loi Pacte présentée par le gouvernement français veut assurer que les personnes salariées d’une entreprise bénéficient de sa réussite. Ces règles, en bordure du système capitaliste, restent à construire, et il dépend de nous d’en faire une construction socialiste.


Que faire du profit, maintenant ? Le capitalisme est catégorique : il faut l’investir. D’accord, mais dans quoi ? L’innovation est une option : les dépenses annuelles de R&D des mille entreprises les plus innovantes au monde ont dépassé les 700 milliards d'euros en 2017. Malgré tous ses défauts, le système capitalisme est le seul capable de générer de tels montants, et ainsi de financer des projets d’une envergure auparavant inimaginable. L’innovation est une bonne chose, elle a surtout l’avantage de permettre la génération d’encore plus de profit. C’est moins le cas de nos considérations socialistes. On peut rêver d’un jour où le profit ne sera plus une finalité pour les entreprises, mais ce jour n’est pas arrivé. Deux solutions demeurent.


D’une part, les sommes astronomiques générées par le capitalisme sont en partie captées par les Etats, au delta de l’évasion fiscale qu’il faut absolument combattre. Ces États doivent être contraints par leurs citoyen.nes à des investissements socialistes. Élu par une telle volonté, Emmanuel Macron s’est engagé à investir 15 milliards d’euros pour la transition écologique, 15 pour la formation professionnelle, 5 pour la santé, 5 pour les transports et équipements collectifs locaux. D’autre part, il faut rendre ce socialisme profitable : par des lois, normes et réglementations contraignantes, mais surtout par notre demande, et c’est sur cela que j’aimerais conclure.


Citoyenne, citoyen, consommatrice, consommateur, c’est par vos actions quotidiennes que vous donnez forme au capitalisme. Ce n’est qu’un système, vous en définissez les usages.

mardi 2 octobre 2018

Mon village

Juillet 2016

NOS RANDONNEES.: Journée du 16 mai 2015 - 2e partie : la ...


Des lieux déjà, il y en a peu, des lieux de fêtes, ne rêvons pas ! Malgré son sable, mon village n’a de plages ni rivages que ceux de la Celle indolente. Le plus vivant y est la faune, le plus vivace la flore. Cela est vrai du moins trois cent soixante jours et un, dans l’an. Pour les quatre restant, journées de printemps, la ville se vêtit de ses plus beaux atours, et de tous les alentours surgissent les curieux et les habitués, tous attirés par les quatre réputés, les quatre festifs, les Quatre Jours de Bullion. Sur la place de la mairie, les forains, connaisseurs, colorent et assourdissent, nourrissent et arborent diverses attractions. Au terrain de cross, les bosses, c’est la compétition. Les vélos enchainent figures et bonds, on les réclame et les acclame. On découvre enfin que le village a sa jeunesse, qui se mêle même parfois aux grandes générations et trottinent espace des Framboisines, berceau de la célèbre brocante. C’est alors la fête des beaux parleurs, le moment de combler le vide de certains greniers. On y mange bien, on se promène, et on espère qu’avant un an, on aura droit, au gré des vents, à un spectacle salle Paragot, autrement dit, la salle... Des fêtes !