lundi 2 janvier 2017

Midnight Special

2016 - Jeff Nichols



Midnight Special est frustrant. Parce que si il invite à l’interrogation, il se garde bien de risquer des réponses. C’est une oeuvre d’art qui ne véhicule d’autre message que celui que chacun y verra. Quand on sort, on veut en parler, mais on ne sait pas quoi dire. Ambiance années 70, un rythme globalement lent ponctué de quelques éclats, du drame et presque rien d’autre. Très peu d’émotions. Et ce qu’il a surtout de particulier, c’est la volonté de ne pas accrocher de caractères clairs sur les personnages. A peine quelques indices, quelques phrases échangées qui laissent deviner les rapports entre protagonistes... Les acteurs jouent au minimum, il y a la volonté d’influencer le moins possible le spectateur. Le travers de cela, c’est qu’on ne s’attache à personne, ou presque. On ne sait pas où va le film (ou alors on ne sait pas encore qu’il ne va nulle part). Certaines scènes n’ont pas de sens, ce qui fait gagner en réalisme, mais pas en immersion. Il n’a jamais été question de nous impliquer, on ne fait qu’observer. Et si le mystère est présent, il est dopé artificiellement, il nous embrouille dans le seul but de le faire. Une oeuvre, mais ni particulièrement belle, ni particulièrement puissante. Et pourtant, on a ce petit goût qui reste, pas désagréable, et qui donnerait presque envie d’y revenir.

Synopsis

Fuyant d'abord des fanatiques religieux et des forces de police, Roy, père de famille et son fils Alton, se retrouvent bientôt les proies d'une chasse à l'homme à travers tout le pays, mobilisant même les plus hautes instances du gouvernement fédéral. En fin de compte, le père risque tout pour sauver son fils et lui permettre d'accomplir son destin. Un destin qui pourrait bien changer le monde pour toujours.

Scénario : Jeff Nichols
Musique : David Wingo
Photographie : Adam Stone

Take Shelter

2012 - Jeff Nichols



Le plus impressionnant, c’est la crédibilité de ce film. De bout en bout, on s’interroge : est-ce qu’il s’agit d’hallucinations d’un père à l’héritage psychologique difficile, ou un véritable pouvoir psychique ? Et dans les deux cas, on y croit ! La réalisation est sans défaut, mais le film doit essentiellement cette force du réel à un jeu d’acteur époustouflant. Les personnages de Michael Shannon et Jessica Chastain sont quasiment seuls (avec leur fille) face à la tempête mentale. Le résultat, intime, est suffisamment rapide pour ne jamais décrocher, suffisamment lent pour laisser le temps de s’interroger... Violemment. Voir à travers les yeux d’un esprit perturbé, qui doute autant que nous, c’est un défi, une épreuve, et ce soir une grande victoire. Les films d’une telle qualité sont rares, ne faites pas l’erreur de passer à côté.

Synopsis

Curtis LaForche mène une vie paisible avec sa femme et sa fille quand il devient sujet à de violents cauchemars. La menace d'une tornade l'obsède. Des visions apocalyptiques envahissent peu à peu son esprit. Son comportement inexplicable fragilise son couple et provoque l'incompréhension de ses proches. Rien ne peut en effet vaincre la terreur qui l'habite...

Scénario : Jeff Nichols
Musique : David Wingo
Photograhie : Adam Stone
Mommy

2014 - Xavier Dolan



Ouch. Jamais vu un film aussi dur. Et d’une grande violence, plus souvent verbale que physique. On a envie, par facilité, de dire que c’est impossible de vivre avec un enfant comme ça. Mais c’est aussi un film d’une extrême beauté, parce que bien sûr la vie n’est pas monochrome. Un garçon aussi vulgaire que dangereux peut aussi être le plus adorable des enfants. On a envie de voir de l’espoir, de sortir des ténèbres, et en cela la réalisation est parfaitement adaptée, et plus particulièrement le format d’image et les plans de caméras incongrus. En somme le film ne comporte que trois personnages, trois acteurs exceptionnels. Non, phénoménaux. Ils ne pourront pas vous laisser indemne. C’est un visionnage véritablement intense. On peut descendre au plus bas, puis remonter en flèche. Mais attention, même les plus optimistes auront du mal à sortir du canapé après que le générique soit tombé. Les musiques et les messages sont beaux et sont terribles. Tragiques. Terrifiants. On ne regarde pas Mommy pour le plaisir. On le regarde pour comprendre.

Synopsis

Diane, veuve, doit s'occuper de son fils handicapé (Trouble Déficit de l'Attention) Steve, un adolescent impulsif et violent. Malgré les difficultés, chacun tente de sauver l'autre, avec l'aide inattendue d'une énigmatique voisine, Kyla. Ensemble ils vont parvenir à une forme d'équilibre, et commencer à reprendre espoir.

Scénario : Xavier Dolan
Musique : Noia
Photographie : André Turpin

Juste la fin du monde 

2016 - Xavier Dolan



Une performance incroyable. Un lieu, cinq personnages, et une justesse exceptionnelle. Plus que réaliste, vivant. Mais pas la partie heureuse de la vie, bien au contraire. La colère, la honte, la peur, toutes ces émotions à peine contrôlées, flottant d’une personne à l’autre, autour d’un protagoniste impuissant, un fantôme qui ne revient que pour repartir encore plus durement. Comment parler, comment oser ? Les dialogues sont vibrants, parce qu’hésitants. Les conflits, les espoirs, les rancunes, tout est dit à mi-mots ou pas dit du tout, et pourtant il n’y a qu’une fin possible, inévitable, et intolérable. Soit vous décrocherez dés le début, soit vous n’en perdrez pas une miette. 

Synopsis

Après douze ans d'absence, un jeune écrivain de pièces célèbres revient voir sa famille, pour leur annoncer sa mort prochaine. Cinq personnages en huis-clos mettent en scène un drame familial sans issue, où amour, colère et tristesse s'expriment au même titre. 

Scénario : Xavier Dolan (d'après l'oeuvre de Jean-Luc Lagarce)
Musique : Gabriel Yared
Photographie : André Turpin

dimanche 1 janvier 2017

Enemy

2014 - Denis Villeneuve





What the ... ?! Je commence à être un peu familier des oeuvres de Villeneuve, mais celle-ci me laisse perplexe ! Deux hommes aux vies différentes mais avec un physique et une voix strictement identiques. C’est dérangeant, mais ça ne suffit pas à en faire de la science-fiction. Ce qui n’est pas l’objectif. Et pourtant, j’ai peut-être du mal à m’imaginer dans la même situation, mais les réactions me paraissent un peu... surnaturelles. Une voix au téléphone, honnêtement, c’est trompeur. S’ajoute à cela une thématique du rêve morbide qui fera fuir les arachnophobes, et que je ne parviens pas à expliquer, volonté artistique mise à part. Bon, mais le cœur du film est... inexistant ? Le rythme, d’une extrême lenteur. La photographie, grisâtre. Les musiques, dédiée à l’ambiance, comme toujours. Mais quelle ambiance ? Conclusion, c’est peut-être un chef-d'œuvre, mais il m’a totalement échappé !

Du moins jusqu'à voir une interprétation possible par le Fossoyeur de Films... Et du tout au tout Enemy me torture l'esprit avec ses airs de mindfuck. Ce qui est une bonne chose ! Je ne dis pas que c'est l'explication, je ne suis pas d'accord avec tout, mais jetez-y un coup d'oeil et faites-vous votre propre avis :
L'APRÈS-SÉANCE - Enemy (l'explication ?)

Scénario : Javier Gullon (d'après l'oeuvre de José Saramago)
Musique : Danny Bensi
Photographie : Nicolas Bolduc

Assassin's Creed

2016 - Justin Kurzel



Il est impressionnant ! Avec des décors superbes, et de très belles cascades. Et totalement fidèle à l’univers des jeux. Et bien joué. Mais alors pourquoi je ne suis pas plus emballé que ça ? Pas déçu, il est vraiment excellent, mais juste pas dedans. Peut-être parce que si réussir à résumer proprement tout l’univers en deux heures est un exploit, c’est un peu frustrant pour qui le connait déjà par coeur. Cela mis à part, c’est un bijou. Il est innovant (cet Animus !) sans excès, grandiose et un petit peu extravagant. 

Synopsis

Grâce à l'Animus, technologie permettant d'accéder à sa mémoire génétique, Callum Lynch revit les aventures de son ancêtre Aguilar, durant l'Inquisition espagnole du XVe siècle. Callum découvre qu’il est issu d’une mystérieuse société secrète, les Assassins, en guerre contre ceux qui le retiennent et l'utilisent : l'Ordre des Templiers. 

Scénario : Michael Lesslie
Musique : Jed Kurzel
Photographie : Adam Arkapaw

High-Rise

2016 - Ben Wheatley



Ce film ! Incompréhensible ! Et trash en plus ! J’adore. On ne sait pas vraiment quand ni pourquoi tous ces gens de différentes classes sociales se retrouvent dans cette tour, mais ce que je peux vous dire, c’est qu’il y a un cheval sur le toit. Le personnage principal, psychanalyste (donc il découpe des crânes à la scie), est le témoin détaché de cette folie humaine, le seul qui survit au naufrage de ce Titanic vertical. On y discerne une lutte sociale, une arrogance des grands créateurs, une critique de la société consumériste, et un dalmatien dans le caddie. Si l’absurde ne vous fait pas sourire dés les premières minutes, passez votre chemin. Si oui, amusez-vous bien !

Scénario : Amy Jump (d'après l'oeuvre de J. G. Ballard)
Musique : Clint Mansell
Photographie : Laurie Rose