dimanche 24 mars 2019

Molly's Game

2017 - Aaron Sorkin



La version cinématographique de l’entrepreneure et auteure Molly Bloom présente nombre de similarités avec le personnage, cette fois fictif, de Elizabeth Sloane, également incarné par Jessica Chastain. On retrouve une femme d’une extrême intelligence, intransigeante avec elle-même, animée par un objectif : gagner. Elle l’explique d’ailleurs assez vite, étant une narratrice plutôt bavarde. Le film est essentiellement composé de ses monologues ponctués de dialogues riches ou brefs, parfois assez techniques. Le sujet du poker, en particulier, est prépondérant, et s’il ne faut pas en être un expert pour comprendre les enjeux des parties, cela doit pourtant apporter un plaisir supplémentaire au visionnage. Il est également bon à savoir que la liste des personnes qui participèrent aux parties de poker organisées par Molly et les confidences qui s’y échangèrent furent suffisamment dérangeantes pour que le scénariste et réalisateur Aaron Sorkin décide de changer les noms de ses homologues.

Sans être dramatique, le ton n’en reste pas moins sérieux et ponctuellement assombri par deux spectres, celui d’un traumatisme passé, et celui présent des drogues pour affronter une vie ambitieuse autant que solitaire. Ces sujets sont également partagés avec Miss Sloane de John Madden, de même que le fil conducteur du procès. La prestation de Idris Elba comme avocat de Molly est d’ailleurs tout aussi remarquable que celle de Jessica Chastain. Enfin le personnage de cette dernière est présenté comme hautement altruiste derrière un masque de froide amabilité. Si ce masque rend tout d’abord l’attachement difficile, vous aurez du mal à ne pas rejoindre l’avis de Charlie Jaffey après une certaine tirade. Je ne saurais que vous conseiller cette œuvre, qui plus est d’un féminisme subtil.

Scénario : Aaron Sorkin, d'après les mémoires de Molly Bloom
Musique : Daniel Pemberton
Photographie : Charlotte Bruus Christensen

mercredi 10 octobre 2018

Peut-on construire un capitalisme socialiste ?

Juillet 2018



Le capitalisme, de part son étymologie même, a été la bête noire de générations de socialistes : l’accumulation de capital, par définition, ne pourrait que s’opposer à la redistribution des richesses. La mondialisation, l’hyper-financiarisation, la croissance infinie ont creusé les inégalités, ravagé l’environnement et le respect de l’être humain, alimentant de nombreux mouvements anticapitalistes. Il s’agit là de conséquences dramatiques d’un usage abusif du capitalisme, compris comme système économique et politique. Ce système doit évidemment être questionné, de même que l’idéologie libérale qui lui sert de terreau. Je suis cependant convaincu qu’il est possible d’en imaginer des usages au service de l’intérêt général. Je suis convaincu que les dérives de nos démocraties libérales ne sont pas les conséquences de ce système, mais seulement de ses usages. Je suis convaincu qu’en considérant le capitalisme comme un moyen et non une fin, il peut servir le bien commun. Et j’en ai la preuve.


Le capitalisme repose sur deux notions, la propriété privée et le libéralisme, et n’a qu’un seul objectif : le profit. On pourrait et devrait questionner ces deux notions et cet objectif, mais admettons-les ici et voyons ce qu’il nous reste à interroger : les droits que procurent ces notions, et l’usage que l’on veut faire de ce profit.


Le libéralisme me garantit la liberté d’entreprendre. Par cela je deviens propriétaire d’une entreprise, et je peux acquérir les moyens de produire de la richesse : des ressources matérielles, et des ressources humaines. Je conclus un contrat avec ces dernières : leur temps et leurs compétences contre une partie de mon profit. Les modalités de ce contrat, en revanche, ne relèvent plus du capitalisme. L’entreprise Next Jump offre des emplois à vie : son dirigeant considère qu’un.e employé.e en difficulté, au même titre qu’un enfant en difficulté, doit être aidé, non renvoyé. La loi Pacte présentée par le gouvernement français veut assurer que les personnes salariées d’une entreprise bénéficient de sa réussite. Ces règles, en bordure du système capitaliste, restent à construire, et il dépend de nous d’en faire une construction socialiste.


Que faire du profit, maintenant ? Le capitalisme est catégorique : il faut l’investir. D’accord, mais dans quoi ? L’innovation est une option : les dépenses annuelles de R&D des mille entreprises les plus innovantes au monde ont dépassé les 700 milliards d'euros en 2017. Malgré tous ses défauts, le système capitalisme est le seul capable de générer de tels montants, et ainsi de financer des projets d’une envergure auparavant inimaginable. L’innovation est une bonne chose, elle a surtout l’avantage de permettre la génération d’encore plus de profit. C’est moins le cas de nos considérations socialistes. On peut rêver d’un jour où le profit ne sera plus une finalité pour les entreprises, mais ce jour n’est pas arrivé. Deux solutions demeurent.


D’une part, les sommes astronomiques générées par le capitalisme sont en partie captées par les Etats, au delta de l’évasion fiscale qu’il faut absolument combattre. Ces États doivent être contraints par leurs citoyen.nes à des investissements socialistes. Élu par une telle volonté, Emmanuel Macron s’est engagé à investir 15 milliards d’euros pour la transition écologique, 15 pour la formation professionnelle, 5 pour la santé, 5 pour les transports et équipements collectifs locaux. D’autre part, il faut rendre ce socialisme profitable : par des lois, normes et réglementations contraignantes, mais surtout par notre demande, et c’est sur cela que j’aimerais conclure.


Citoyenne, citoyen, consommatrice, consommateur, c’est par vos actions quotidiennes que vous donnez forme au capitalisme. Ce n’est qu’un système, vous en définissez les usages.

mardi 2 octobre 2018

Mon village

Juillet 2016

NOS RANDONNEES.: Journée du 16 mai 2015 - 2e partie : la ...


Des lieux déjà, il y en a peu, des lieux de fêtes, ne rêvons pas ! Malgré son sable, mon village n’a de plages ni rivages que ceux de la Celle indolente. Le plus vivant y est la faune, le plus vivace la flore. Cela est vrai du moins trois cent soixante jours et un, dans l’an. Pour les quatre restant, journées de printemps, la ville se vêtit de ses plus beaux atours, et de tous les alentours surgissent les curieux et les habitués, tous attirés par les quatre réputés, les quatre festifs, les Quatre Jours de Bullion. Sur la place de la mairie, les forains, connaisseurs, colorent et assourdissent, nourrissent et arborent diverses attractions. Au terrain de cross, les bosses, c’est la compétition. Les vélos enchainent figures et bonds, on les réclame et les acclame. On découvre enfin que le village a sa jeunesse, qui se mêle même parfois aux grandes générations et trottinent espace des Framboisines, berceau de la célèbre brocante. C’est alors la fête des beaux parleurs, le moment de combler le vide de certains greniers. On y mange bien, on se promène, et on espère qu’avant un an, on aura droit, au gré des vents, à un spectacle salle Paragot, autrement dit, la salle... Des fêtes !

mardi 25 septembre 2018


Incendies

2010 - Denis Villeneuve



Ce film est remarquable à bien des égards : parce qu’il nous fait découvrir une autre facette des réalisations de Villeneuve ; qu’il est adapté d’une pièce à succès de Wajdi Mouawad que peu doivent connaître ; qu’en ne citant pas le pays d’origine des protagonistes (bien qu’on le devine), il acquière un caractère universel terrifiant ; qu’il équilibre une noirceur profonde avec des personnalités d’une détermination rayonnante. Avouons-le, il est affreux : le tissu d’horreurs guerrières n’était pas suffisant, il a fallu le tricoter en une trame tellement malsaine qu’elle en devient jouissive. Le duo de la sœur et du frère Marwan joue également beaucoup dans la qualité immersive de l’œuvre, en présentant deux réactions opposées et également crédibles, nous fournissant deux fenêtres pour appréhender la réalité du dehors. 
Le choix chronologique est en revanche assez déboussolant : peut-être n’étais-je pas assez attentif, je suis revenu sur plusieurs passages après une minute du passé de Nawal en pensant suivre Jeanne, ou l’inverse. Mais peut-être faut-il justement lâcher la boussole pour lever les yeux vers ces étoiles que tout le monde partage mais personne ne voit dans le même sens ? Incendies a en tout cas des choses à dire sur les religions. Sur l’importance de se souvenir d’où l’on vient, aussi, sur la nature humaine, et son esprit torturé…

« Un plus un, ça peux-tu faire un ? »


Scénario : Denis Villeneuve (d'après l'oeuvre de Wajdi Mouawad)
Musique : Grégoire Hetzel
Photographie : André Turpin

mardi 30 janvier 2018

Idées reçues sur le féminisme

Benjamin Sharpe

Les réponses apportées ici sont des opinions personnelles relatives à la conception que l’auteur a du féminisme, et ne prétend pas à apporter de vérité générale. Le féminisme, comme tout mouvement militant, est un agglomérat hétérogène d’opinions, de volontés et d’origines.


On ne peut plus faire d’humour FAUX

A une époque l’humour consistait à se colorier le visage en noir et gesticuler sur une place publique pour se moquer des personnes de couleur. Aujourd’hui le blackface est globalement considéré comme raciste. En revanche on peut citer nombre d’humoristes reconnus sans pour autant faire de blagues racistes ou sexistes. Cela demande simplement l’effort de se remettre en question et de recycler son répertoire. Après tout la comédie est un exercice créatif.

Le politiquement correct va nous transformer en clones PAS SI SIMPLE

Tout d’abord questionner l’origine de nos jugements est un bon exercice d’introspection qui conduit à la tolérance et au respect d’autrui. Ensuite le féminisme n’interdit ni n’oblige à rien. Il a en revanche conscience de l’impact que peuvent avoir les mots sur l’éducation et la construction de soi, et sait par exemple que l’objectivisation du corps des femmes dans les médias, l’école, la famille, les cercles d’amitié peut influencer la perception que les individus peuvent en avoir. Le féminisme prône donc la vigilance dans ces contextes. De plus en cherchant à libérer la parole des femmes par leur plein accès à des postes créatifs, dirigeants, inspirants, le féminisme va au contraire éveiller une nouvelle diversité de pensée.

Le féminisme veut la supériorité des femmes, pas l’égalité, on devrait parler d’humanisme FAUX

L’humanisme est une philosophie qui place l'être humain et les valeurs humaines au-dessus des autres valeurs. C’est peut-être de cette étymologie que vient la confusion sur le mot féminisme. Or le féminisme est défini comme un mouvement militant pour l'amélioration et l'extension du rôle et des droits des femmes dans la société. Il se focalise sur l’écart qui existe encore entre les droits des femmes et ceux des hommes. Il se trouve que cet écart est majoritairement négatif, lutter contre implique donc bien d’améliorer et d’étendre ces droits.

Les hommes aussi ont leurs problèmes PAS SI SIMPLE

Tout individu rencontre des difficultés dans sa vie, qu’il est normal de vouloir affronter. Le féminisme se focalise sur un lot de difficultés que rencontrent des femmes de par leur simple nature biologique. Il ne discrédite pas pour autant les autres, mais comprend qu’une lutte générale peut être menée contre les causes d’écarts de droits des femmes. Les hommes ont également des difficultés liées à leur sexe, et les féministes accueilleraient avec plaisir un masculinisme qui lutterait pour le droit à un congé paternel égal à celui maternel, le droit de se maquiller ou de porter une robe.

Toutes les femmes ne sont pas féministes, certaines sont même contre VRAI

Certaines femmes n’ont pas expérimenté de difficultés liées à leur sexe ou ne les ont pas analysées comme tel. D’autres considèrent que ces difficultés doivent s’affronter individuellement et ne devraient pas être généralisées. Le féminisme ne lutte pas pour ces femmes, il lutte pour celles qui ont expérimenté des difficultés liées à leur sexe et considèrent qu’il s’agit d’une lutte commune. Le travers du féminisme est que ses actions se répercutent sur toutes les femmes, de la même manière que la lutte contre la ségrégation se répercute sur toutes les personnes de couleur. Malheureusement pour obtenir de nouveaux droits généraux, il est nécessaire de mener une lutte générale contre les causes générales de ces écarts de droits.

Les féministes pensent que tous les hommes sont des violeurs FAUX

En revanche lors d’une étude du docteur en psychologie et en criminologie Massil Benbouriche sur un échantillon de 150 hommes âgés de 21 à 35 ans, tous équilibrés mentalement et déclarant n'avoir jamais commis d'agression sexuelle, 30% des interrogés se sont dits prêts à violer une femme s'ils étaient sûrs qu'il n'y aurait aucune poursuite judiciaire. La cause de cela est la culture du viol, que le féminisme combat. Si tous les hommes ne sont pas des violeurs, tous devraient se demander s’ils pourraient le devenir et pourquoi. Dire que c’est les autres et pas moi, c’est refuser de se remettre en question.

Le féminisme n’a plus lieu d’être aujourd’hui FAUX

Si des combats fondamentaux ont déjà été remportés dans certaines régions du monde : droit de vote, à l’indépendance financière, à l’avortement, on est loin d’avoir fini. Les Etats-Etats reviennent sur l’ivg, l’égalité salariale n’est encore atteinte nulle part, les carrières fulgurantes et postes dirigeants ou créatifs encore très masculins. Et la lutte majeure de cette génération est celle de l’image : en finir avec l’objectivisation des femmes dans les médias, berceau de la culture du viol encore trop ancrée, donner plus de responsabilités au travail et moins à la maison. Même les femmes sceptiques ou critiques envers le féminisme reconnaissent le fardeau de la charge mentale ou les difficultés professionnelles supplémentaires.

Le féminisme tue le romantisme et la sexualité spontanées FAUX

En fait non. Mais si vous confondez séduction et harcèlement, cela explique peut-être vos difficultés. Et si dans votre tête ça marche, alors vous êtes nocif et avez raison de vous inquiéter de l’évolution des mentalités. Malgré le bruit qu’elles font, les femmes séduites par le harcèlement sont assez rares, et celles qui connaissent la différence en ont marre.

Pour aller plus loin

Le Monde - Michelle Perrot : « L’absence de solidarité des femmes signataires de cette tribune me sidère »
Dans un entretien, l’historienne réagit à la tribune critique vis-à-vis de #metoo publiée dans « Le Monde » le 9 janvier.

Le Monde - Blandine Grosjean : « De la résignation au consentement, le problème de la « zone grise » entourant les rapports sexuels »
Dans un texte écrit à la première personne, la journaliste raconte comment beaucoup de femmes ont pris conscience de la « zone grise » qui existe entre le consentement et le viol.

Les perles du mansplaining

« Forcément en parlant à des femmes on voit les problèmes de femmes, tu as parlé à combien d’hommes de leurs problèmes ?
Moi une fois je raccompagnais une femme chez elle, et elle m’a demandé si je voulais monter, avec des intentions claires... Je ne m’y attendais pas du tout, et je ne voulais pas, cela m’a beaucoup dérangé. »

« Tout ce que tu décris ce sont des cas particuliers, il faut arrêter de dire que c’est un problème des hommes. »



dimanche 1 octobre 2017

Miss Sloane

2017 - John Madden




Ce film est précieux, presque exclusivement composé de dialogues d’une grande qualité, auxquels des actrices et acteurs talentueux donnent vie. Le scénario est à l’image de ses personnages : d’une intelligence redoutable. Comparable à la série House of Cards, il gravite autour de l’impitoyable et très charismatique miss Sloane, interprétée par Jessica Chastain. Mais à la différence du rôle prédateur de Kevin Spacey, elle justifie son jeu par des intentions louables dont la crédibilité est étayée à mi mots. D’une manière générale il faut se concentrer pour suivre : les échanges techniques vont vite, les sous-entendus sont réguliers. Et alors que la saga Netflix a choisi un décor politique pour mieux illustrer l’inconsistance de celle-ci, Miss Sloane en est le reflet : le lobbying est une affaire d’argent soumise aux fondements de la vie politique. Si bien que cette activité, si peu représentée et généralement méprisée, apparait certes déshumanisée, et pourtant presque innocentée par la pourriture du pouvoir qu’elle alimente et dont elle se nourrit. Enfin Miss Sloane esquive tout stéréotype de genre avec un casting d’une mixité exemplaire. Remarquable.

Scénario : Jonathan Perera
Musique : Max Ritcher
Photographie : Sebastian Blenkov

mardi 15 août 2017

A kingdom of conscience

August 2017


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Kingdom of Heaven is a 2005 movie directed and produced by Ridley Scott. It takes place during a 12th century Crusade, with Jerusalem occupied by Christians and Muslims led by sultan Salahuddin claiming it back. The main character, played by Orlando Bloom, is a French village blacksmith seeking redemption for the soul of his wife who killed herself. He thus follows his father, a great knight, to the Holy Land, “kingdom of conscience”, where anything can be achieved.

Kid, I used to love it, as it is an epic historical and adventure film, and also because I identified more easily with the blacksmith, Balian, than with most movie heroes. He is no strong and brave warrior, simply a man with skills and weaknesses, and more importantly, principles. Looking back on it, principles are all what this film is about.

First, it depicts the Crusades with great open-mindedness, thus criticism. Fortunately, one would say. It portraits men of power driven into madness by greed, and taking thousands with them into the horror of war. That part I find really interesting: war appears as nothing more than a stupid game, that smart rulers always try to avoid. Under the governance of Baldwin IV and Salahuddin, all beliefs are welcomed and respected.

“There’ll be a day when you will wish you 
had done a little evil to do a greater good”

It also raises a philosophical question: the one of utilitarianism. Should we engage in acts for the maximum good of the maximum of people, no matter the means? This is a type of consequentialism, the theory according to which an issue is morally judged upon its outcome. That is the way most people think. At some point Balian is given a utilitarian choice. The princess Sibylla, who holds power, is married to the main antagonist, Guy de Lusignan, an anti-Muslim wishing for war. To avoid this, Balian should agree to Guy’s assassination. He does not, even though he is well aware of the man’s monstrous intentions, and that they hate each other. When asked why, he has this beautiful answer: “it is a kingdom of conscience, or nothing”. He believes that whatever good may be a situation, it is worth nothing if based on an evil act. So do I. We will not build a better world if we accept to build it with blood. If we accept to surrender our principles.

“God will understand, my lord. 
And if he doesn’t, then he is not 
God, and we need not worry.”

The question of religion and belief is central to the movie, and even though men of God are mostly depicted as fanatics or vicious persons, some rightful characters are also driven by their faith. I don’t see this as an atheistic movie. It respects and values different beliefs, but has a lot to say about religions. “You’ve taught me a lot about religion, Your Eminence” says Balian to a hypocritical priest. Religion is used to move armies, it is what gives meaning to all of it. It is the reason why people unite. And when religion fails, something else is required, a sense of honour, being a knight, for instance. Jerusalem is a pile of rocks, Balian understands it and fights for the people living inside the city. But Jerusalem is also a symbol. It is the last human desire, the last step of Maslow’s pyramid of needs: transcendence. Because, as Balian says, the kingdom of conscience is in our mind and heart, and that can never be surrendered.

What is Jerusalem worth?
Nothing. Everything.