vendredi 15 novembre 2024

Synthèse de lecture du Le Capital - Livre 1, de Karl Marx



Première section

Chapitre I

Un produit du travail a une valeur d’usage et une valeur d’échange. La valeur d’usage est déterminée par la société mercantile et peut sans cesse varier. Elle fait du produit une marchandise, et permet de lui donner un prix. Croire qu’elle est intrinsèque au produit relève du fétichisme. C’est la valeur d’échange qui lui est propre, elle indique quelles quantité et qualité d’un produit en "valent" un autre. Cette valeur est le travail humain mis en œuvre pour le produire.

 

Chapitre II

Lorsque l’échange devient une activité régulière, on produit des marchandises pour leur seule valeur d’échange, qui n’a valeur d’usage que pour les acheteurs. Pour donner une valeur d’échange avant l’échange lui-même, on a recourt à l’or et l’argent, qui ont l’avantage de pouvoir être divisés en unités standards ou refondus. On finit par oublier que la valeur en monnaie n’est que la conséquence d’équivalent avec d’autres produits.

 

Chapitre III

La monnaie permet de scinder les actes d’achat et vente, et donc d’éviter l’aliénation simultanée des marchandises de deux échangistes. La monnaie arrêtée devient trésor. Cette forme permet donc de réguler la quantité de monnaie en circulation. D’autre part la circulation des marchandises et le payement se dissocient, le rapport de créancier à débiteur devient social. Une monnaie universelle est nécessaire pour les échanges mondiaux, et les pays à production élevée en gardent une réserve en proportion la plus faible possible.

 

Deuxième section

Chapitre IV

Contrairement aux échanges décrits précédemment, la monnaie devient capital quand elle sert à acheter puis vendre une même marchandise, utilisée pour sa valeur d’échange et non celle d’usage. 

 

Chapitre V

La plus-value sur une marchandise ne peut être créée par sa seule circulation, donc quelque-chose la génère en-dehors de cette circulation.

 

Chapitre VI

La force de travail est une marchandise dont l’usage génère de la valeur d’échange. Le propriétaire de la force de travail doit pouvoir en disposer de son plein gré pour un temps donné, et ne pas avoir à sa disposition de moyens pour produire des marchandises sans possesseur d’argent. Le prix minimum de la force de travail est celui permettant à son propriétaire de subvenir à ses besoins indispensables. Cette marchandise particulière n’est pas consommée à un instant donné, donc son propriétaire fait crédit au possesseur d’argent ou capitaliste jusqu’à recevoir son prix périodique.

 

Troisième section

Chapitre VII

Le travail se compose d’une activité humaine, d’objets, initialement issus de la nature, et de moyens de travail, interposés entre l’activité et les objets, autrement dit un travail productif et des moyens de productions. Le produit du travail est, au même titre que le travail, la propriété du capitaliste. Le but du capitaliste est de généré une plus-value. Le travailleur doit donc travailler plus que le temps nécessaire pour produire une valeur égale à son salaire et le coût des moyens utilisés.

 

Chapitre VIII

La valeur d’un moyen de production perdue par l’usage est transmise à la valeur du produit, tandis que la valeur du travail s’ajoute sans se perdre. Le capital de production se décompose donc en capital constant pour les moyens de production et capital variable pour la force de travail.

 

Chapitre IX

Le taux de plus-value est égal au surtravail sur le travail nécessaire, autrement dit le degré d’exploitation du travailleur par le capitaliste. 

jeudi 14 novembre 2024

Synthèse de lecture des Origines du Totalitarisme, de Hannah Arendt


Cet ouvrage majeur de la politologue la plus importante du 20ème siècle donne un éclairage indispensable sur les horreurs du totalitarisme. Ses enseignements résonnent malheureusement avec certaines actualités.

N'étant pas particulièrement instruit sur la période, cette lecture m'a apporté plusieurs grandes révélations sur les origines et la mise en oeuvre d'un tel régime. Elle permet de déceler des signes de tendances totalitaires dans certains pays contemporains, en premier lieu la Chine. Elle nous met aussi en garde contre le mépris des Constitutions et lois, ou encore les récits de "vérités alternatives" décomplexés (fake news).

Je ne prétend pas ici en faire un résumé, mais uniquement lister les leçons qui m'ont le plus marquées.


1. L'antisémitisme

A l'abolition des privilèges, les nobles sont restés riches mais ne contribuaient plus à l'intérêt commun, devenant des parasites.

Les Juifs riches ont financé les Nations après l'abolition de la monarchie, et sont de fait devenus proches du pouvoir sans l'incarner, occasionnant une méfiance quant à leur influence réelle.

L'Affaire Dreyfus est la désignation d'un bouc-émissaire dans une histoire de corruption, dans un contexte où l'armée et le clergé  s'opposent à la République, mais elle a cristallisé la haine des Juifs. 


2. L'impérialisme

L'impérialisme est une réponse politique à un besoin de ressources et marchés infinis pour le capital.

Le nationalisme s'incarne mieux à l'étranger loin des problèmes sociaux.

L'idée de supériorité d'une race allemande émane d'une croyance de l'aristocratie française de descendre des Francs alors que le peuple descendrait des Gaulois. Les allemands se persuadent d'une origine tribale commune et d'une personnalité innée.

En 1853, le Comte Arthur de Gobineau publie un Essai sur l'inégalité des races humaines, qui dépeint une chute des civilisations due à une dégénérescence de la race, au sang mêlé. 

Il existe une continuité logique du Darwinisme à l'Eugénisme, puis au Nazisme.

Les financiers ne tirent pas de profits de la production, l'exploitation ou l'échange de marchandises, mais de commissions.

L'impérialisme ne développe pas un pays comme le capitalisme, où les profits conduisent à des revendications égalitaires (ex : Canada et Australie). 

En Afrique du Sud, les travailleurs noirs deviennent de plus en plus conscients de leur propre humanité sous l'impact du travail régulier et de la vie urbaine. La société de race d'Afrique du Sud enseigna à la populace qu'il suffit de la violence pour qu'un groupe défavorisé puisse créer une classe encore plus basse.

Des deux principaux moyens politiques de domination impérialiste, la race fut découverte en Afrique du Sud et la bureaucratie en Algérie, en Égypte et en Inde.

La floraison des légendes historiques et politiques a connu une fin brutale avec la naissance du christianisme, qui apportait l'explication légendaire de la destinée humaine la plus puissante et la plus complète. Puis l'unité spirituelle a succombé sous la pluralité des nations. Le salut est devenu incertain, remplacé par les idéologies.

L'impérialisme créa un Grand Jeu de perpétuels objectifs ultérieurs qui rendit la bureaucratie et l'espionnage attrayants pour une élite.

Les nations sans colonies développèrent un annexionnisme continental (pangermanisme et panslavisme) fondé sur la race, sans soutien des capitalistes. Ces mouvements annexionnistes envient les Juifs qui semblent avoir réussi à constituer une nation indépendante des Etats. Ils s'inspirent de leur croyance d'être le peuple élu par Dieu.

A propos du nationalisme :

Les gouvernements bureaucratiques gouvernent par décrets au mépris de la loi.

"Si les partis avaient été les organes de l'organisation des intérêts de classe, les mouvements devinrent les incarnations des idéologies". Il suffisait d'adhérer au mouvement pour incarner des valeurs.

A propos du système électoral bi-partis (comme au Royaume-Uni) : 

Un mouvement fasciste s'identifie à l'Etat et utilise l'armée nationaliste, tandis qu'un mouvement totalitaire la subordonne et veut détruire l'Etat.

Face aux candidats de mouvements allemands en 1932, tous les partis traditionnels s'unissent derrière Hindenburg, symbole de l'Etat-nation et de l'armée, contre le communiste Thälmann et le nazi Hitler. Sa propagande s'adresse à ceux qui veulent le statu quo (une voix pour Thälmann est une voix pour Hitler) tandis que les communistes brandissent la menace de ce statu quo (une voix pour Hitler est une voix pour Hindenburg). Tous misaient sur la peur.

La montée de Hitler au pouvoir bouscule tous les partis européens : la droite française devient pacifiste et la gauche belliciste.

"Il suffirait d'un coup d'oeil à la carte démographique de l'Europe pour voir que le principe d'État-nation ne peut pas être introduit en Europe orientale" (par les traités de paix), Kurt Tramples, 1929

Le recours massif des Etats-nations à la dénaturalisation a créé des vagues d'apatrides et conduit à l'abolition du droit d'asile.

"Seule une humanité complètement organisée pouvait faire que la perte de patrie et de statut politique revienne à être expulsé de l'humanité entière."


3. Le totalitarisme

Les mouvements totalitaires visent à organiser des masses, et les régimes totalitaires semblent impossibles dans des pays à la population réduite. Ils ont besoin d'une masse atomisée, individualisée, destructurée. Staline dût déconstruire les soviets organisés par Lénine, liquider les classes, instaurer une méfiance envers tous (aussi bien proches que lointaines connaissances).

Contrairement aux classes, les masses ne sont pas unies par la conscience d'un intérêt commun. La littérature sur la psychologie de masse explique l'affinité entre démocratie et dictature.

Les mouvements totalitaires exigent une loyauté total de leurs membres. Cela nécessite de se débarrasser de tout programme concret, prévisible et discutable. Ils n'ont pas d'objectif politique atteignable. Leur finalité n'est pas le pouvoir de l'Etat ou d'un dictateur, mais "la domination permanente de chaque individu dans chaque sphère de sa vie".

La Première Guerre Mondiale a transformé les individus en masse - transnationale -, et inspiré aux intellectuels un désir d'authenticité, par opposition à une fausse culture, une fausse vie, l'hypocrisie humanitaire et libérale de la société.

Staline et Hitler parvenaient à faire soutenir leurs mensonges par les masses.

Le bourgeois utilise les institutions publiques à l'aune de ses intérêts privés. Selon la philosophie des libéraux, la somme des intérêts individuels aboutit au miracle du bien commun.

La nécessité de la propagande est dictée par le monde extérieur, les mouvements ont plutôt recourt à l'endoctrinement et la terreur.

Les dictateurs totalitaires annoncent des prédictions infaillibles, dont le déterminisme justifie leurs actions à venir. Ils révèlent des complots mystérieux qui procurent une cohérente à la réalité autrement chaotique.

Les membres d'un mouvement défait, contrairement aux fanatiques religieux, l'abandonnent comme un mauvais pari et se mettent en quête d'une nouvelle fiction prometteuse.

En terme d'organisation, le totalitarisme est original en distinguant les membres du parti, strictement limités, et les sympathisants à grossir constamment, au sein d'organisations de façade. Ces organisations brouillent à la fois la normalité perçue par les membres du parti et par le monde extérieur. Les membres sont aussi organisés en degrés de militantismes, de sorte que chacun est entouré d'une pseudo-normalité (membre < SA < SS < Waffen-SS). La composante paramilitaire de ces formations sert surtout à répliquer la société existante.

Un membre craint plus de quitter le mouvement (car il est devenu anormal, déraciné) que les conséquences de sa complicité dans des actions illégales.

La volonté du Chef est la loi du parti, et il endosse la responsabilité de tous les actes commis par les membres, si bien que le mouvement perdrait sa raison d'être sans lui, et qu'aucun membre n'est responsable de ses actes.

Les mouvements totalitaires s'inspirent beaucoup des sociétés secrètes. Le mensonge est admiré avec cynisme.

Le totalitarisme au pouvoir a besoin d'instabilité permanente, donc ni frontières fixes ni forme de pouvoir absolu.

Les Etats totalitaires ne se soucient pas de modifier la Constitution : ils n'en tiennent pas compte. Ils doublent le pouvoir apparent avec un pouvoir réel du parti, mais ne l'abolissent pas. Ils multiplient les services de même rôle pour qu'on ne sache jamais où réside le pouvoir, prévenant toute opposition.

A l'exception du Chef, aucun individu au sommet ne se distingue (pas de clique ou de successeur fixe)

Pour asseoir leur objectif de conquête mondiale, les régimes totalitaires considèrent leurs lois applicables partout, et traitent leur pays aussi durement que ceux conquis.

Pour le pouvoir totalitaire, l'organisation est plus importante que les richesses matérielles. Son idée principale est "l'ennemi objectif" qu'il accuse d'un "crime possible", et si un premier est éliminé, il en cible un nouveau.

La police secrète de gouvernements constitutionnels comme despotiques est un État dans l'Etat, capables de choisir ses propres cibles. La police totalitaire n'est qu'un exécutant. 

Toute la population se retrouve prise dans la psychologie de l'agent double : sa carrière repose sur la purge de la génération précédente, et peut s'interrompre brutalement à tout moment.

Le véritable secret des régimes totalitaires est les camps de concentration, laboratoires d'expérimentation de la domination totale.

A propos de l'adhésion au totalitarisme : 

La préparation de cadavres vivants nécessite de tuer la personne juridique, la personne morale (les nazis parviennent à rendre les victimes complices car désobéir cause aussi le meurtre de ses proches) et l'individualité (par la torture irrationnelle), donc la spontanéité qui aurait permis une résistance.

"Le totalitarisme ne tend pas vers un règne despotique sur les hommes, mais vers un système dans lequel les hommes sont superflus."

"La terreur est la légalité si la loi est la loi du mouvement d'une force surhumaine, la Nature ou l'Histoire."

La préparation qui rend chacun apte à jouer le rôle de bourreau comme de victime est l'idéologie, c'est-à-dire la logique d'une idée. L'idéologie traite l'enchaînement des événements comme s'il obeissait à la même "loi" que l'exposition logique de son "idée". Tout ce qui arrive, le seul mouvement possible, est alors conforme à la logique d'une seule "idée".

"Le sujet idéal de la domination totalitaire n'est ni le nazi convaincu ni le communisme convaincu, mais les gens pour qui la dinstinction entre fait et fiction (c'est-à-dire la réalité de l'expérience) et la distinction entre vrai et faux (c'est-à-dire les normes de la pensée) n'existent plus.

Le totalitarisme créé des personnes isolées (sans capacité d'agir politiquement) et désolées (sans relations humaines). L'isolement est commun aux tyrannies, mais la désolation est propre au totalitarisme.

Le totalitarisme est le résultat de la perte d'autorité dans les démocraties.


Réflexions sur la Révolution hongroise

La succession du leader est un problème irrésolu du totalitarisme.

Le totalitarisme soviétique doit démanteler tout groupe qui commence à montrer des signes d'identité et de solidarité de classe.

Les conseils sont une alternative plus démocratique aux partis, car ils viennent de la base et la représentativité repose sur la confiance dans des individus plutôt qu des idéologies.

La liberté réside dans les capacités humaines d'action et de pensée, et non de travailler et de gagner sa vie. Les activités économiques sont soumises à la nécessité. Les dictateurs totalitaires sont ainsi prêts à des concessions sur les systèmes économiques.

"Il n'y avait pas que Staline à se servir du communisme comme d'un prétexte à l'expansion de l'impérialisme russe." Radio-Rajk

"L'impérialisme aurait pu réussir si l'Etat-nation avait été disposé à en payer le prix, à adopter une conduite suicidaire et à se transformer en tyrannie. La Grande-Bretagne préféra liquider l'empire"

"Une politique impérialiste a bien plus de chances de réussir quand elle est menée par un gouvernement totalitaire"

Les pays d'Afrique et d'Asie ne redoutent pas l'impérialisme russe car il n'est pas raciste, contrairement aux empires qui les ont colonisés.

samedi 2 novembre 2024

Kewanee — Chapter 2: Opening of the Gate

November 2024


The Opening of the Solstice Gate, like most Asgarthan major events, turned out to be a harsh day for the Stata Mater. Between the crowd surges and the Lyra fireworks, rescuers were overwhelmed. Although the main parade took place beneath the Rampart, more than a hundred kilometers away from the capital, the streets of Arkaster were still packed. Stationed near Clover Court, Kewanee had already escorted two injured residents to the nearest medical post. With the trams overflowing, reaching the Asklepian was not an option.

But even amidst the chaos, Kewanee preferred working over wandering aimlessly. This way, she didn’t have time to think. About the future. About who she was. Since failing the Imhallat ceremony, she had been utterly lost. Her fathers had tried to comfort her, but they simply didn’t get it. As for Tadao, though he tried to hide it, she could sense her mentor’s disappointment. After all the training she went through, the feeling that suddenly erupted in her life and ruined it all seemed like an unfair punishment. And since then, nothing—the Skein remained painfully silent. Had she chosen the wrong Oneiroï? Sacagawea was deeply connected to nature, after all. Had the brave interpreter deliberately stopped her from joining the Bravos? Kewanee had called to her countless times afterward, pleading for answers, but the Eidolon never appeared again.

Kewanee knew she should speak to the Muna, but she wouldn’t. She told herself it was because the druids were rarely seen in the city, but that was a poor excuse. Truthfully, she didn’t have anything to do with them. All she knew of them were stories about strange ceremonies involving animals. And the Bravos she trained with had a pretty low opinion of the Muna, calling them "slow," "weak," and "naive." Every other Faction contributed to a brighter, safer future for Asgartha. The Axiom innovated, the Lyra entertained, even the Yzmir—though they terrified Kewanee— occasionally aided the Rati in healing those wounded by the Tumult. But the Muna? They grew things. They defended animals, sometimes even against humans. No, she had nothing in common with them.

Her shift had just ended, and she was heading home when she heard a cry of distress from a nearby street. As a Bravos—no, not anymore—as a Stata Mater agent, she couldn’t ignore it. She followed the pained voice right into a procession. It sounded as though someone had fallen—a child, perhaps, or an elderly person—unable to get up in the crush of people. Was everyone really so blind as to ignore it?

As she got closer, Kewanee felt a strange unease. Despite the crowd’s singing and loud instruments, she could hear the cry distinctly, almost as if it were echoing within her mind. But when she finally reached the source, she found… nothing. No one was there.

Then she saw it. Lying on the ground, bleeding, its tiny chest rising and falling frantically—a raccoon. She had been answering the call of a bloody animal! After weeks of silence, this damned Skein had returned to bother her. Furious and disgusted, she turned away. This wasn’t her problem. It never would be.

Except now, she could feel its fear and pain as if they were her own.


vendredi 4 octobre 2024

 Altered lore resources

Last update: 13/11/2024




Equinox lore posts: Altered TCG Lore

Altered lore channel: Altered Official Discord

Wiki Fandom: FrenchEnglish, Italian

An Exalt in the Tumult: Nester and Pilgrim Threads

Characters creation: Pilgrim's Nest

Exploration tool and timeline: French, English

Detailed timeline: Altered Lore Timeline

Detailed map: Map of the Ancient World

Pronunciation guide: Lyra Chronicler


dimanche 8 septembre 2024

 La forêt en héritage

28 janvier 2024

 

J’ai grandi à Bullion, dans la Vallée de Chevreuse, au sud-ouest de l’Île-de-France. Quand j’explique cela à une personne d’ailleurs, elle se figure tout ce que la région parisienne inspire à l’imaginaire collectif. Pourtant, en allant vivre à Paris pour la première fois à mes dix-huit ans, j’ai changé de monde. Je n’avais plus à attendre trente minutes pour un bus qui en mettrait quarante à parcourir les douze kilomètres me séparant du lycée. Le tumulte de la ville remplaçait le chant des oiseaux, le grondement des cascades et le brame des cerfs. Mais plus que tout, je quittais la forêt. Si je devais représenter mon enfance, ce serait avec cette photo.

Je n’ai que récemment découvert à quel point la forêt était au cœur, non pas seulement de ma vie, mais de l’histoire de cette région depuis l’Antiquité. Commençons notre voyage par quelques cartes, à commencer par celle de l’Île-de-France actuelle.

Si on y voit bien la zone urbanisée dont les tentacules s’étendent de la capitale jusqu’à des villes comme Coignières, Les Ulis ou Arpajon, il serait bien malaisé de tracer à main levée la limite de la région francilienne. En revanche, on voit qu’elle englobe trois des cinquante-huit parcs naturels régionaux français, ainsi que les immenses forêts de Fontainebleau et de Rambouillet. Il faut donc remonter le temps pour comprendre l’origine de cette délimitation – et sa versatilité.

Si la préhistoire se trace mal sur une carte, on en sait nettement plus des dizaines de peuples Celtes (ou Gaulois) qui habitèrent l’Europe pendant plus d’un millénaire. Parmi eux, celui qui occupa la Vallée de Chevreuse est le peuple des Carnutes.

Ceux-ci occupaient le plateau de la Beauce, sur les actuels départements de l’Eure-et-Loir, du Loiret et du Loir-et-Cher, ainsi qu’une partie des Yvelines. La mythique forêt des Carnutes est connue comme le lieu de rassemblement annuel des druides gaulois, à l’emplacement de la ville de Chartes, qui leur doit son nom. Le peuple des Parisii, qui donna son nom à Paris, vivait plus à l’est. Depuis l’arrivée des Francs et jusqu’à la Révolution française, ce territoire change régulièrement de main au grès des transferts de titres, dans ou hors du domaine royal. Il est intégré de 1790 à 1968 au département de Seine-et-Oise, qui enclave celui de Seine – Paris et sa petite couronne.

Ce territoire n’est qu’une partie de ce que fut avant le Moyen-Âge la forêt de l'Yveline, qui ceinturait Paris jusqu'à la Seine au nord, et comprenait les forêts de Laye, de Fontainebleau, d'Orléans et de Dreux. Elle est ensuite tellement défrichée qu’au XVIe siècle il n’en reste que des massifs forestiers, dont la forêt de Rambouillet, qui devient un terrain de chasse royale. Des reboisements sont opérés à partir du code forestier de 1827, puis un plan d’aménagement datant 1892 est amendé plusieurs fois jusqu’à la tempête de 1999.

Je ne me fais pas d’illusions : la majorité des Franciliens n’a pas accès à ce cadre de vie privilégié. J’ai eu la chance (pour peu qu’on aime la nature) d’avoir des parents romantiques qui ont choisi la petite maison dans la prairie. Ceci dit, n’importe quel Parisien doté d’un Navigo peut s’y plonger pour une journée au bout du RER B. S’il vous faut encore une image pour bien vous projeter, sachez qu’au lieu des pigeons, j’ai grandi entouré de cerfs, chevreuils et sangliers, d’un renard curieux et de quelques vipères (ainsi que des poules, vaches, moutons).

Après avoir quitté les Yvelines pour mes études puis mon travail, le hasard fait que je m’y retrouve, au bord d’une autre forêt, celle de Saint-Germain. Ce n’est peut-être pas le rêve de tout un chacun, mais c’est le mien. Et maintenant qu’il vous est familier, arrêtez de dire que je suis parisien !

dimanche 28 juillet 2024

 Exploration du monde altéré

28 juillet 2024

Le jeu de cartes Altered prend place dans un univers original : notre monde après qu’il se soit brutalement mélangé à celui de l’imaginaire, l’Empyrée. Celui-ci abrite tous les personnages de la mémoire collective humaine : les Oneiroï. Ils viennent de notre Histoire et de nos histoires, nos légendes, nos fictions. Cet univers est ravagé par le Tumulte, mais il est également magnifique. Comment ne pas l’être quand l’imagination fusionne avec la réalité ? Les humains sont depuis capables d’altération : ils peuvent matérialiser ce qu’ils imaginent (les lecteurs de Fantasy de ma génération penseront peut-être au Dessin d’Ewilan). Des choses inanimées, mais aussi des représentations des Oneiroï : les Eidolons. Certaines tribus humaines ont fini par se rassembler et fonder une nouvelle société : Asgartha. Et celle-ci a enfin décidé de sortir de sa région protégée pour un Effort de Redécouverte du reste du monde. C’est là que nous intervenons : les joueurs incarnent des Exalts, le couple formé par un Altérateur et une Chimère (une créature du Tumulte), à l’avant-garde de cette expédition.

A l’heure où j’écris ces mots, nous n’en sommes qu’aux prémices de cet univers, mais il recèle déjà un potentiel merveilleux. Si vous voulez tout savoir, la lecture ne manque pas sur le lore du site officiel, le wiki fandom ou encore le salon lore du Discord. Sur ce dernier, nous avons la chance d’interagir avec le Créateur : Yoshi Mimura. Pour aller plus loin et si vous partagez ma curiosité insatiable pour l’imaginaire, je vous partage ici certaines de mes révélations personnelles suite à cette abondante lecture.

Commençons par deux cartes : nous avons trouvé Asgartha. Les contours de la Muir Concordia correspondent en effet exactement à la Mer de Marmara, et la capitale Arkaster se trouve précisément à l’emplacement d’Istanbul. Le nouveau berceau de l’humanité est en Turquie.

Cette déduction topographique est étayée par une seconde ethnologique. Les cartes de la première saison du jeu citent cinquante-cinq Oneiroï, que j’ai placé sur cette seconde carte.

On sait que suite à la Confluence, les tribus humains ont suivi un appel jusqu’à Asgartha : ce sont les Grandes Migrations. Leur mémoire révèle leur origine : deux foyers principaux apparaissent en Europe et en Asie. Quoi de plus logique dans ce cas que de se rassembler au « pont entre l’Est et l’Ouest » ? On peut aussi deviner que d’autres humains ont dû se réunir ailleurs : en Australie, en Afrique du Sud et Amérique du Sud, peut-être aussi au nord de le Sibérie. On espère un jour les rencontrer !

J’ai également compris des choses importantes sur l’Imagination. Les Eidolons ont une existence intrinsèque : même s’ils ont besoin du Mana fourni par les humains et sont teintés de l’esprit qui les invoque, ils peuvent parfois apparaitre d’eux-mêmes, et ont leurs pensées propres. Les Oneiroï dont ils émanent ne peuvent pas interagir directement avec les humains, mais les aident dans leurs rêves. Ils ont en effet besoin de leur mémoire pour continuer d’exister. Les Asgarthi se souviennent des Oneiroï de l’Ancien Monde (notre époque) comme nous nous souvenons de ceux de l’Antiquité. Un Altérateur peut aussi matérialiser tout objet, lieu, créature issue de son imagination, et les êtres qu’il imagine commenceront ainsi à exister dans l’Empyrée. Ce qu’il matérialise peut affecter la Réalité (un feu pour chauffer, un outil pour façonner, une saveur pour assaisonner) tant qu’il reste possible de concevoir cet effet : l’apport nutritionnel d’un aliment est trop complexe à imaginer pour qu’une nourriture matérialisée soit véritablement nourrissante. Par ailleurs, plus une idée est alimentée en Mana, plus elle a d’énergie pour affecter la Réalité et devient difficile à influencer.

Même si de nombreuses guildes et organes de la République en sont dissociés, les six Factions ont une place centrale dans la société asgarthi, et beaucoup de citoyens y sont affiliés. La première à avoir été fondée est celle des mages Yzmir. Leur soif de puissance et de savoir se heurte à la Rémanence, qu’ils cherchent à soigner. Ils surveillent également le danger que représentent les singularités du Tumulte. Vint ensuite l’Ordis, une Faction bureaucratique en charge du maintien de l’ordre et de la justice. Ses membres ont l’esprit lié par une mémoire collective : le Gestalt. Ils aspirent à comprendre les civilisations antiques. La Faction Bravos est plus individualiste : elle prône l’audace et l’amélioration permanente. Ses rangs sont composés de sportifs, d’explorateurs intrépides et guerriers téméraires. Elle aspire à retrouver Rune – le premier Haut-Roi d’Asgartha – et chasser les Léviathans – d’immenses Chimères parfois dévastatrices.

Les Lyra, artistes insouciants ou joueurs extravagants, sont le grain de folie asgarthi. Ils vivent de sensations et rêvent de transformations. Loin de craindre le Tumulte, ils y aspirent. Ils souhaitent retrouver la Tribu Perdue et celle des Exilés, et espèrent trouver chacun un jour leur Paramours. Les druides Muna sont plutôt en quête d’harmonie, et partagent leurs sensations avec d’autres êtres sensibles à travers le Skein. Ce sont eux qui pratiquent le Musubi, le rituel permettant de lier un Altérateur à une Chimère. Ils désirent trouver les Sarwa – des esprits-gardiens de la nature – et étendre le Skein. La dernière Faction formée est celle des ingénieurs Axiom. Leurs maîtres-mots sont l’innovation et le pragmatisme. Contrairement aux autres Factions, elle ne compte pas d’Altérateurs, mais plutôt des Opérateurs manipulant des Constructs. Les Axiom visent à démocratiser le Kélon et les Greffes, créer des automates, et trouver les Primordiae – quatre ressources mythiques.

Toutes les Factions œuvrent à l’intérêt commun, mais l’Effort de Redécouverte met en lumière leurs valeurs et objectifs parfois contradictoires. Les Muna veulent vivre en symbiose avec les créatures pacifiées du Tumulte, tandis que les Bravos les pourchassent ; les Lyra veulent débrider le Tumulte alors que les Yzmir veulent le canaliser. Les Axiom sont en quête de ressources, les Ordis de connaissances passées, les Yzmir de puissants secrets. Grâce à leurs Exalts respectifs, Asgartha se tourne enfin vers l’inconnu. Mais ne vous méprenez pas, c'est aussi une course, car chacun voudrait façonner à sa manière les terres au-delà des portes.



vendredi 19 juillet 2024

Kewanee — Chapter 1: The Imhallat

July 2024


This story takes place in the Altered world.

Kewanee grew up in the steel maze that is Jusaka, across the street from a Stata Mater station. Through the porthole of her bedroom, she could see firefighters rushing out day and night to save Asgarthans from the flames. Her fathers were a constant reminder of how dull a job can get. Daddy Chayton worked at the Axiom Foundry but preferred joining a union than the Faction. Tadi found more interest in his work as a shoemaker, but would get very tired from commuting daily to Gwyntewyn. Naturally, Kewanee better pictured herself in the intervention brigade. Her parents gladly enrolled her in a sports club, so that when she reached the age of twelve, she easily joined the Stata Mater trainee program. 

For her courage and hard work, she eventually caught the attention of Tadao, a Stata Mater officer and Bravos veteran, who offered to take her as his new Bravos aspirant. The instruction, already tough, became harder than the metal surrounding them. Years passed, and Kewanee came to understand that although many firefighters were Bravos, their spirit was the opposite. When the brigade told you to “stay safe,” the Faction told you to “be bold.” 

In the spring of 392 AC, during the week prior to the Ryukkōsai, Tadao finally decided to subject Kewanee to the Imhallat ceremony. For the second time in her life, he led her up to Haven. She had never been so proud, nor so anxious. There, she stood in a carved hall, surrounded by Bravos heroes and Lyra bards. For days, she had wondered about the Eidolon she would call upon. Among the stories told by her family, the most Bravos-like she remembered was about the guide and interpreter Sacagawea. So, she called out for the Akaitikka, again and again, until the brave teenager finally appeared.

The Eidolon first questioned Kewanee about the Creed, her motives, her exploits. That was easy. But then she asked: “When summoned, will you join your sisters and brothers in their Leviathan hunt?” Before she had time to think about it, she suddenly felt overwhelmed by feelings. A thousand ones, all at once. Anger, fear, sadness. It was too much for her to bear. She kneeled. What was that? Could it be…The Skein? Yes, as she was about to become a real Bravos, the Skein touched her. When she finally managed to get back on her feet, she had her answer: no, she couldn’t harm sentient beings, not even Leviathans. But for Rune’s sake, what was she to do?