Affichage des articles dont le libellé est films 2017. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est films 2017. Afficher tous les articles

vendredi 24 mars 2017

Grave

2017 - Julia Ducournau






Quelle minutieuse puissance, quelle sublime horreur ! Face à la gravité, un frisson, une fascination... morbide. Des actes crus, des ambitions cruelles, un film sanglant et sans tabous. Un bloc aux mille facettes mais sans aspérités. La violence du propos est supportée par une architecture assez simple, une mise en scène intelligente, et un jeu époustouflant. Premier long métrage de Julia Ducournau, premier rôle principal pour Garance Marillier, et toutes deux font déjà preuve d’un talent rare.

Grave c'est aussi un questionnement illustré. Parmi un panel de messages et d’alertes, il brille d’une nature antispéciste. « Pour toi baiser un singe c’est comme violer une femme ? », demande une étudiante. À priori oui, et les manger aussi. Pêle-mêle, on y parle de famille, d’éducation, du bizutage sauvage dans les écoles de médecine, on y adresse la question du consentement, celle du jugement d’autrui.

Ce film est terriblement paradoxal, aussi fin qu’il est gore, avec autant de bienveillance que de dévastation. C’est un univers à part entière, de ceux que l’on veut fuir et découvrir simultanément. Enfin Grave c’est des musiques, variées, et toujours parfaitement adaptées. Elles font vibrer, ou elles font frémir.

« C’est un délire, ou c’est plus grave que ça ? » C’est Grave. 

Scénario : Julia Ducournau
Musique : Jim Williams
Photographie : Ruben Impens

mardi 21 février 2017

Loving

2017 - Jeff Nichols




Mon troisième film de Jeff Nichols, et bien que celui-ci, historique, dénote du style surnaturel que je lui connaissais, je commence à y percevoir un motif. Chaque fois la focale est faite sur une famille, et le potentiel caché qu’elle recèle. Ici le désir simple de s’unir par le mariage, interdit par les mentalités et lois de leur État. Pas d’esprit révolutionnaire chez ce couple, juste le souhait de mener leur vie comme iels l’entendent. Encore une fois, le mot d’ordre de Nichols, c’est la simplicité. Dire le strict minimum et même moins, laisser le spectateur deviner les règles et les enjeux. Rien de superflu, et rien de précipité non plus. C’est lent, peut-être un peu trop, et un peu trop pauvre en émotions aussi, par souci de réalisme certes, mais de fait on se sent moins impliqué. Loving permet d’appréhender une époque qu’on ne connait sinon qu’à travers ses personnages illustres comme MLK ou JFK. Une thématique centrale, c’est la construction : construire une maison, une vie, un sens de la justice. Le jeu d’acteur est, bien que bon, aussi secondaire que les musiques. C’est la construction du film qui touche. La façon dont il fait sens sans direction préméditée. Ni très beau ni particulièrement mémorable, juste... important.

Scénario : Jeff Nichols
Musique : David Wingo
Photographie : Adam Stone

lundi 6 février 2017

La La Land

2017 - Damien Chazelle




Les comédies musicales, je n’en ai pas tellement l’habitude. Qu’importe, il suffit d’une minute et la première chanson pour être séduit, entre émerveillement et sourire niais. Et ce sourire ne nous quitte que pour de fréquents éclats de rire. Ce n’est pas un divertissement, c’est de la joie en images. On en sort avec une envie de danser, et toujours ce sourire aux lèvres. Et puis Emma Stone et Ryan Gosling sont bluffant, deux rêveurs qui ne se croisent pas en douceur, deux êtres passionnés, et passionnants. Deux êtres, deux rêves, et une vie. Des découvertes, des miracles, et des compromis. Et si l’humour s’efface parfois, l’émotion est toujours là. Toutes les couleurs sont présentes sur la palette, la réalisation irréprochable, et si la bande originale manque de diversité, elle y gagne en force vibrante. Le message, brouillé par un final sublime, résonne encore en moi. Du bonheur. 

Scénario : Damien Chazelle
Musique : Justin Hurwitz
Photographie : Linus Sandgren