dimanche 25 décembre 2016

Rogue One : a Star Wars story

2016 - Gareth Edwards



En tant que spin-off, il pouvait prendre des libertés là où Le Retour De La Force n’avait que des contraintes. Et il les a prises ! Parfois film de guerre, parfois plutôt apocalyptique, il impose un rythme général aussi soutenu qu’irréprochable. Aucun temps mort, mais si l’action n’a pas d’interruption, elle n’est pas frénétique pour autant. Des forces, le film en a plein, à commencer par ses personnages, pour la plupart humains, à l’exception du petit favori robotique. Des personnages sortis de tous les univers sauf Star Wars, plongés dans un environnement d’une richesse esthétique immense. Beau autant que grandiose, tantôt d’une apaisante simplicité, tantôt d’une foisonnante complexité, ils se contemplent et ne s’oublient pas. Le scénario, sans être exceptionnel, s’insère à merveille dans la chronologie de la saga tout en assurant l’indépendance de cet opus. Petit bémol sur les musiques, composées en peu de temps, essentiellement reprises des thèmes de Williams. À part cela et les batailles de vaisseaux, tout est nouveau ! Ambiance, décors, enjeux... Et ce final... Émotionnel et mémorable ! Très peu de défauts, en vérité, et tellement de qualités ! Je le conseille à tous les fans de la saga, de science-fiction, d’épopée... à tout le monde, en fait.

Scénario : Chris Weitz et Tony Gilroy
Musique : Michael Giacchino
Photographie : Greig Fraser

lundi 19 décembre 2016

Premier contact

2016 - Denis Villeneuve



Il prend son temps sans le perdre. La situation est explicite après cinq minutes, pour ensuite pouvoir se consacrer pleinement au coeur du film : la communication. Des extra-terrestres sont là et ils ont un message, mais c’est moins ce qu’il ont à dire que la difficulté de le comprendre qui importe. Pour cela l’armée fait appel aux personnages de Amy Adams et Jeremy Reiner, une linguiste et un physicien, dont la passion va surpasser les considérations militaires plus pragmatiques. 
C’est une histoire de communication à partir de rien, face à une culture inconnue qui est pourtant la clé du langage, mais aussi de communication entre humains. Une histoire de coopération et d’information. Denis Villeneuve réalise ici un nouveau chef d’oeuvre, moins sombre que ses précédents, mais toujours centré sur l’humain et ses failles. C’est de la SF sans l’artillerie lourde, toute en subtilité, et qui ne gaspille pas une minute. Les musiques, bien plus présentes que dans Sicario, sont toujours chargées émotionnellement. Et si certains regretterons une certaine immobilité, voir une excessive simplicité, c’est peut-être qu’ils cherchaient un fond que la forme à elle seule peut combler. Enfin, retenez bien cela : tout n’est pas linéaire, à commencer par l’écriture...

Synopsis

Lorsque de gigantesques monolithes flottants apparaissent soudain dans 12 endroits du monde, l'armée s'empresse de recruter une équipe civile, en particulier une linguiste et un physicien, pour essayer de communiquer avec les nouveaux arrivants. Mais bien sûr, ce n'est pas simple, sans compter que les humains ont parfois déjà du mal à s'entendre entre eux...

Scénario : Eric Heisserer (d'après l'oeuvre de Ted Chiang)
Musique : Johann Johannsson
Photographie : Bradford Young

mercredi 7 décembre 2016

Match Point

2005 - Woody Allen





Le début annonce l’intéressante ascension sociale d’un personnage foncièrement pragmatique, qui utilise chaque nouvelle rencontre comme un barreau à son échelle d’ambitions. Manipulateur professionnel, on attend avec enthousiasme chacun de ses mouvements... mais c’est sans compter le coup de foudre. Et si lui se prend un éclair, nous c’est plutôt la douche. On tombe subitement dans le déjà-vu pseudo romantique, les problèmes de couple, la tromperie, lui perd ses moyens en même temps que son charisme, et nous livre un final aussi ridicule qu’inutile. Peut mieux faire !

Résumé [spoil]

L’introduction est l’image d’une balle de tennis qui mord le filet : deux possibilités, nous dit le narrateur, l’une est la victoire, l’autre la défaite…

Chris Wilton, jeune prof de tennis d’origine modeste, est embauché dans un club de la haute société londonienne. Il y sympathise avec Tom Hewett, jeune homme de ce milieu, avec qui il prétend partager la passion de l’opéra. Très vite, Chris fréquente la famille Hewett et séduit Chloé, la sœur de Tom. Mais il rencontre aussi l’exquise Nola Rice, jeune comédienne (dans ses rêves) américaine fiancée à Tom. Il est immédiatement attiré et cherche également à la séduire. Ils se ressemblent beaucoup : issu de milieu modeste et essayant de se hisser, et sont mutuellement attirés. Elle cède une fois (elle, énervée par une remarque de la mère Hewett sur ses illusions de comédienne, sort sous la pluie. Il la rejoint et ils font l’amour dans un champ) puis le repousse, pour préserver son futur mariage.

Chris gagne rapidement les faveurs du père de Chloé, qui lui offre un poste à responsabilité dans son entreprise. Après quelques mois il épouse Chloé, tandis que Tom quitte Nola pour se marier avec une femme de son rang dont il est amoureux. Nola retourne aux US, mais Chris finit par la revoir à Londres, et entame une aventure avec elle (au point de quitter le travail certains midis pour la retrouver), ce qui l’oblige à mentir de plus en plus à sa femme. Et un jour Nola lui apprend qu’elle est enceinte… Dilemme pour Chris, qui doute de son amour pour Chloé mais n’ose pas lui avouer qu’il doit la quitter, d’autant plus qu’elle souhaite un enfant qu’ils ne parviennent pas à avoir.

Nola le menace alors de tout révéler à sa femme si lui ne s’en occupe pas. Chris procrastine, désespéré. Ne voyant pas d’autre solution, il vole un fusil de chasse chez les Hewitt, donne rendez-vous à Nola chez elle, entre chez sa vieille voisine, la tue. Il vole alors bijoux et médicaments, pour simuler un cambriolage par un drogué. Quand Nola arrive, il l’abat sur le palier. Il va ensuite jeter les bijoux dans la Tamise, mais une bague rebondit sur une barrière et retombe au sol. Il ramène ensuite le fusil, manquant plusieurs fois d’être découvert par Chloé. Rapidement, il est rongé par la culpabilité (hallucinations).

Pendant ce temps, la police mène son enquête et en vient à interroger Chris. Celui-ci nie avoir revu Nola depuis son départ d'Angleterre, mais celle-ci tenait secrètement un journal intime, retrouvé par la police, où le jeune homme est souvent mentionné. Il avoue alors aux deux inspecteurs qu'il avait bien une liaison avec elle, mais nie être impliqué dans le meurtre et les prie de ne pas en parler à sa femme. L’un des policiers est convaincu, l’autre moins. Et une nuit ce dernier a une révélation : il sait que Chris est l'assassin et comment il s'y est pris. Mais le lendemain, la bague de la voisine est retrouvée sur le cadavre d'un drogué, près de chez Nola. L’affaire est close.


La scène finale : Chris et Chloé entrent chez eux avec leur enfant, et Tom lui souhaite qu’il ait toujours de la chance.

Scénario : Woody Allen
Musique : (opéras)
Photographie : Remi Adefarasin

samedi 26 novembre 2016

Mr. Nobody

2010 - Jaco Van Dormael






Entropie. Si certains ne sont pas familiers avec le terme, il s’agit de la mesure du désordre / chaos vers lequel tend naturellement et à tout instant l’univers. C’est aussi la clé de voûte de ce film. Un enfant, face à un choix impossible, imagine toutes les possibilités découlant de cette décision, puis de toutes celles qui suivront... Jusqu’en 2092. Science-fiction, un peu, mais surtout amour, science, philosophie... C’est un film sur la vie, sur les vies. Un film sur les choix, et sur le chaos, le tout construit de manière... Chaotique. Les scènes se succèdent et s’imbriquent, mêlant bonheur, tristesse et folie. Tantôt subjuguantes, tantôt délirantes. Ce sont 2h30 de poésie sublimées par une bande originale magistrale. C’est la vulgarisation romantique de principes fondamentaux. C’est un jeu d’acteurs incroyable. C’est beau, tout simplement. 

Scénario : Jaco Van Dormael
Musique : Pierre Van Dormael
Photographie : Christophe Beaucarne

vendredi 25 novembre 2016

Her

2014 - Spike Jonze






Her nous emmène dans un futur proche, où seules les mentalités ont changé. Elles sont devenues la caricature des nôtres : l’absurdité poussée à l’extrême. Le film pose ce contexte avec finesse en quelques minutes, en se focalisant sur Theodore, un homme doté d’une grande sensibilité, bouleversé par son divorce en cours, et dont même le métier nous dérange. Puis celui-ci fait l’acquisition d’un système d’exploitation intelligent, et son existence va radicalement changé. Parce que Samantha (le nom que cette intelligence artificielle se choisi), conçue pour s’adapter à la personnalité de son propriétaire, va dés sa mise en service développer la sienne propre. S’en suit un ballet philosophique et romantique orbitant autour de cette question : quel statut accorder à cette conscience artificielle plus vivante même que la femme de Theodore ? Cet outil numérique qui l’amène à renouer avec la réalité ? Un film sensoriel, émouvant, porté par un jeu d’acteur d’exception... Et forcement un peu dérangeant.

Scénario : Spike Jonze
Musique : Arcade Fire, Owen Pallett (partition originale)
Photographie : Hoyte Van Hoytema

dimanche 13 novembre 2016

Hunger Games, La Révolte Partie 2

2015 - Francis Lawrence





Action et émotion ont ici semblé incompatibles, à mon grand regret. Je trouve dommage qu’il n’ait pas été donné à Jennifer Lawrence l’opportunité de faire montre de son talent, même au terme de cette saga. On se noie dans des dialogues sans aucune subtilité. Et quand la salle rit dans des passages aux intentions dramatiques, cela frôle le pathétique. Le fond maintenant : la trame scénaristique de la trilogie repose sur la continuité d’un cycle qu’il s’agit de rompre. La bataille du Capitole se devait donc de faire écho aux cérémonies des Hunger Games. Seulement arrivé à l’adaptation, cela s’est résumé à de très rares créations, comme si le sadisme et l’inspiration des concepteurs de pièges s’étaient essoufflés. Quelques bons points cependant : certains passages d’une extrême tension, et la richesse esthétique d’un Capitole semi-futuriste enfin exploitée. Un bon film d’action, mais dont le potentiel n’est malheureusement pas développé à la hauteur de nos espérances. 

Scénario : Danny Strong et Peter Craig (d'après l'oeuvre de Suzanne Collins)
Musique : James Newton Howard
Photographie : Jo Willems

Comme des frères

2012 - Hugo Gélin





Profondément vivant. Et merveilleusement humain. Des éclats de rire, et des larmes. Et pour les lier, pas un instant sans émotion. La réalisation est irréprochable, belle, fluide. Les acteurs bluffants d’humanité, leurs personnages, dans lesquelles on se reconnait successivement, subtiles. Un sans-faute. Ce film nous parle d’amitié et d’amour, de maladie et de tristesse, et il le fait bien. Avec une approche plus originale, il aurait été parfait.

Scénario : Hugo Gélin, Romain Protat, Hervé Mimran
Musique : Ambroise Willaume, Christophe Musset, Jérémie Arcache
Photographie : Nicolas Massart