Privation de libertés
22 juin 2020
Lors de sa campagne présidentielle,
M. Macron a expliqué à une classe d’enfants comment se décline la devise
française sur le spectre politique : la liberté à droite, l’égalité à la
gauche, lui le héros qui unira les deux avec la fraternité en prime. S’il a égaré
cette dernière dans le même grenier que le pavillon de l’Aquarius, et que l’égalité
sonne bien jusqu’à ce qu’il faille la faire passer en fauteuil roulant par une
porte qui a perdu son obligation d’accessibilité en 2018, parlons un peu de
cette liberté dont raffole la droite politique.
C’est la rengaine des opposants à
l’écologie : nous autres khmers verts prônons la privation de libertés,
pour notre plus grand plaisir d’ailleurs. Après les nationales à 80 km/h, imaginez
notre jouissance à la simple évocation de tous ces champions de la liberté se
trainant à 110 sur l’autoroute. Une clarification s’impose : de quelle
liberté parle-t-on ? Celle de conduire 20% plus vite. Dans ce cas, que
dire de la privation de notre liberté à conduire sans permis, ou en état d’ébriété ?
Qu’est devenu notre liberté de tuer, ou de réduire en esclavage ?
Nous avons jugé, à des moments clés
de notre histoire, que certaines libertés avaient plus de valeurs que d’autres :
celle de se déplacer en sécurité, ou de décider de son avenir. Nous vivons
aujourd’hui un autre de ces moments clés : alors qu’il reste 4% de
mammifères sauvages sur Terre, que le continent de plastique au milieu du
Pacifique fait 3 fois la taille de la France, ou qu’il a fait 38°C en Sibérie hier,
nous défendons la liberté du Vivant à continuer d’exister.
Pourtant, alors que le plus bel
exercice démocratique qu’ait autorisé notre Vème République vient d’accoucher
de 150 propositions relevant pour la plupart d’un bon sens rafraichissant
tellement on n’y croyait plus, la droite se dresse à nouveau d’un réflexe archaïque :
qu’on laisse leur confort climatisé tranquille, le problème est ailleurs, comme
toujours. Dans les pays pauvres où la croissance démographique aura bientôt
épuisé toutes les ressources (il faudrait multiplier par 10 la population
africaine pour égaler la consommation électrique américaine), au Brésil où les
forêts brûlent (volontairement pour faire place au soja qui nourrit notre
tendre viande), ou en Chine avec ses centrales à charbon (tandis qu’on retrouve
des centrales thermiques d’Engie jusqu’en Australie, et qu’EDF compte en ériger
une nouvelle en Guyane).
Alors, vos libertés égoïstes, je les
condamne. Vous voulez parler de liberté, voilà les miennes : dénoncer,
manifester, désobéir. Nous sommes la nature qui se défend.
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