dimanche 13 novembre 2016

The company men

2011 - John Wells






Un film qu’il a été particulièrement pertinent de voir trois jours après l’élection de Donald Trump. On y comprend la situation financière terriblement bancale de bien des foyers américains, indépendamment des postes et des salaires. On y voit des vies ravagées en un instant, parce qu’un conseil d’administration technocratique a jugé qu’il était préférable de licencier des milliers d’employés loyaux et compétents pour éviter de voir son action chuter. On y voit des hommes transformés en machines à monter les barreaux de l’échelle sociale, en machines à dépenser plus qu’on ne gagne, et à croire que ce que l’on gagne défini ce que l’on est. On voit une usine autrefois prospère maintenant à l’abandon parce qu’elle a été délocalisée au nom du plus grand profit.

Le film maintenant. Il est lent et terrible, parce qu’il met en scène les moments lents et terribles de vies sinon frénétiques et inhumaines. Il est dramatique, sans artifices, et peut-être pas très pertinent dans son casting de choc. On n’en sort pas dévasté comme après un Big Short, mais il fait passer son message avec clarté et précision. 


Résumé [spoil]

Bobby Walker (Ben Affleck) est un cadre supérieur chez GTX, un conglomérat industriel basé à Boston et spécialisé dans les chantiers navals, qui se retrouve au chômage à la suite d’une compression de personnel. Sans son salaire démesuré, c’est la panique. Il suit le programme de réinsertion de son entreprise, mais perd petit à petit : son adhésion au club de golf, sa Porche, la confiance de sa femme, l’insouciance de son fils… Il finit par vendre sa maison et emménage chez ses parents. Alors qu’il refusait au départ des propositions d’emploi moins bien payées, il est finalement contraint de demander à son beau-frère Jack Dolan (Kevin Costner), qu’il traitait avec mépris, un travail sur son chantier de restauration. Il n’est pas très doué… Et finit par découvrir que le beau-frère l’embauche à perte.

Pendant ce temps le PDG de GTX continu son technocratique plan social tout en dépensant une fortune dans la construction d’un nouvel immeuble. Ces décisions sont critiquées par un vieil ami (collocs à l’université) et premier employé, Gene McClary (Tommy Lee Jones). Ceci énerve le PDG, qui se dit contraint par le business et les actionnaires.

Une deuxième vague de licenciement a alors lieu, incluant le cadre supérieur Phil Woodward (Chris Cooper), qui s’est hissé avec mérite dans l’entreprise pendant 30 ans. C’est aussi un ami de Gene McClary, et celui-ci va donc demander à la directrice des ressources humaines (qui est aussi sa maitresse) d’annuler cette action. Elle lui annonce alors que lui aussi sort…

Woodward s’effondre : les collègues l’abandonnent, on lui dit qu’il est trop vieux pour une nouvelle carrière et des postes que des jeunes remplissent mieux. A la demande de sa femme, il continu de faire croire qu’il part au travail le matin, et va au bar. Ses factures s’accumulent, y compris les frais de scolarité de sa fille. Il finit par se suicider avec les gaz d’échappement de sa voiture, dans son garage.


McClary est en colère, malgré la hausse de la valeur de ses actions GTX. Il se sent coupable, et veut remettre des gens au travail. Il ouvre un cabinet de consultation, et emploie de nombreux anciens employés de GTX, dont Walker. Symboliquement les bureaux sont installés dans un ancien chantier naval.

Scénario : John Wells
Musique : Aaron Zigman
Photographie : Roger Deakins

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