The company men
2011 - John Wells
Un film qu’il a été particulièrement pertinent de voir trois
jours après l’élection de Donald Trump. On y comprend la situation financière terriblement
bancale de bien des foyers américains, indépendamment des postes et des
salaires. On y voit des vies ravagées en un instant, parce qu’un conseil d’administration
technocratique a jugé qu’il était préférable de licencier des milliers
d’employés loyaux et compétents pour éviter de voir son action chuter. On y
voit des hommes transformés en machines à monter les barreaux de l’échelle
sociale, en machines à dépenser plus qu’on ne gagne, et à croire que ce que
l’on gagne défini ce que l’on est. On voit une usine autrefois prospère
maintenant à l’abandon parce qu’elle a été délocalisée au nom du plus grand
profit.
Le film maintenant. Il est lent et terrible, parce qu’il met
en scène les moments lents et terribles de vies sinon frénétiques et
inhumaines. Il est dramatique, sans artifices, et peut-être pas très pertinent
dans son casting de choc. On n’en sort pas dévasté comme après un Big Short,
mais il fait passer son message avec clarté et précision.
Résumé [spoil]
Bobby Walker (Ben Affleck) est un cadre supérieur chez GTX,
un conglomérat industriel basé à Boston et spécialisé dans les chantiers
navals, qui se retrouve au chômage à la suite d’une compression de personnel.
Sans son salaire démesuré, c’est la panique. Il suit le programme de
réinsertion de son entreprise, mais perd petit à petit : son adhésion au
club de golf, sa Porche, la confiance de sa femme, l’insouciance de son fils…
Il finit par vendre sa maison et emménage chez ses parents. Alors qu’il
refusait au départ des propositions d’emploi moins bien payées, il est
finalement contraint de demander à son beau-frère Jack Dolan (Kevin Costner),
qu’il traitait avec mépris, un travail sur son chantier de restauration. Il n’est
pas très doué… Et finit par découvrir que le beau-frère l’embauche à perte.
Pendant ce temps le PDG de GTX continu son technocratique
plan social tout en dépensant une fortune dans la construction d’un nouvel
immeuble. Ces décisions sont critiquées par un vieil ami (collocs à l’université)
et premier employé, Gene McClary (Tommy Lee Jones). Ceci énerve le PDG, qui se
dit contraint par le business et les actionnaires.
Une deuxième vague de licenciement a alors lieu, incluant le
cadre supérieur Phil Woodward (Chris Cooper), qui s’est hissé avec mérite dans
l’entreprise pendant 30 ans. C’est aussi un ami de Gene McClary, et celui-ci va
donc demander à la directrice des ressources humaines (qui est aussi sa
maitresse) d’annuler cette action. Elle lui annonce alors que lui aussi sort…
Woodward s’effondre : les collègues l’abandonnent, on
lui dit qu’il est trop vieux pour une nouvelle carrière et des postes que des
jeunes remplissent mieux. A la demande de sa femme, il continu de faire croire
qu’il part au travail le matin, et va au bar. Ses factures s’accumulent, y
compris les frais de scolarité de sa fille. Il finit par se suicider avec les
gaz d’échappement de sa voiture, dans son garage.
McClary est en colère, malgré la hausse de la valeur de ses
actions GTX. Il se sent coupable, et veut remettre des gens au travail. Il ouvre
un cabinet de consultation, et emploie de nombreux anciens employés de GTX,
dont Walker. Symboliquement les bureaux sont installés dans un ancien chantier
naval.
Scénario : John Wells
Musique : Aaron Zigman
Photographie : Roger Deakins
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