Un long chemin à parcourir
Novembre 2016
Cette élection en fait, du bruit. Les réactions sont aussi
diverses que violentes. Mais la vraie question, vraiment, c’est : a-t-on
bien compris ce qu’il s’est passé ?
A première vue, c’est simple : la domination de l’homme
blanc cis hétéro est de retour. Face à cela, les minorités ont des raisons de
s’alarmer. C’est la victoire du racisme et du sexisme. Mais est-ce vraiment
aussi simple ? Que font ces femmes, ces hispanos, ces lgbt, à soutenir
ainsi leur détracteur ?
Le vrai problème, ce sont les étiquettes. On colle
l’étiquette raciste sur quelqu’un, et c’est bon, il a tort, il ne doit pas être
écouté. Sous l’étiquette, on peut tout cacher : le désespoir du chômage,
le sentiment d’être oublié, de ne pas exister. Le fait que si vous n’avez
jamais rencontré d’étranger, de lgbt, de féministe, c’est bien plus difficile
de les comprendre. Tout cela est très lointain, abstrait, comparé à la promesse
d’un emploi, l’espoir qu’enfin ceux qui gouvernent vous ont vu, connaissent vos
problèmes, cherchent des solutions.
On colle l’étiquette sexiste sur la moitié de la population
d’un pays, pour oublier qu’eux aussi sont humains, ont une vie, des peurs, des
attentes. Que cette vie, ces peurs et ces attentes ne sont pas les mêmes que
les nôtres. En leur collant cette étiquette, nous prouvons que nous ne les
comprenons pas, que nous le voulons même pas. Alors pourquoi eux le
devraient-ils ?
Nous pensons au fond de nous que nous avons raison. Parce
que nous sommes éduqués, ouverts sur le monde, parce que nous pensons lutter
pour le bonheur des gens. Pourtant ces gens, eux, demeurent malheureux.
Défendre les droits des minorités, c’est essentiel. Mais si cela implique de
laisser la moitié d’un pays à la traine, il y a un problème. Oui, ils sont
souvent intolérants, violents, méchants. Mais pourquoi ? Parce que personne n’a
pris la peine de leur apprendre à être autrement.
Depuis quelques décennies, des communautés opprimées ont
enfin pu faire entendre leur voix. Enfin pu faire valoir leurs droits. Pour
beaucoup, il reste encore un long chemin à parcourir. Et ce chemin doit être
parcouru, coûte que coûte. Aujourd’hui, une autre communauté déprimée a fait
entendre la sienne. Vous l’avez entendue, mais l’avez-vous écoutée ?
Défendre l’égalité des genres n’empêche pas de défendre l’égalité raciale ou
sexuelle. Elles sont mêmes souvent
défendues par les mêmes personnes.
Ouvrez les yeux et voyez que l’égalité sociale doit elle
aussi être défendue. Et qu’il n’y pas de contradiction avec vos présents
engagements. Discutez, échangez, éduquez, et tout le monde en profitera.
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